![]() Accueil |
![]() Le Pays Basque |
![]() ![]() Homepage |
![]() English Page |
![]() |
Les origines des Basques. | ||||||||||
![]() |
Les Basques dans l'Antiquité. | ||||||||||
![]() |
Le duché de Vasconie | ||||||||||
![]() |
Le royaume basque de Pampelune :
|
||||||||||
![]() |
Soule et Labourd au Moyen-Âge. | ||||||||||
![]() |
Le Pays Basque de la Renaissance à la Guerre
d'Espagne :
|
||||||||||
![]() |
Le Pays Basque Sud pendant la Guerre d'Espagne et la dictature franquiste. | ||||||||||
![]() |
Le Pays Basque Sud et la démocratie. |
À la lumière des données de l'anthropologie moléculaire, il semblerait que les Basques se soient installés en Europe en même temps que les premiers Homo Sapiens et qu'ils auraient cohabité avec les Hommes de Néanderthal. Nous serions ainsi les descendants les plus directs des artistes de l'âge de pierre qui, il y a une vingaine de milliers d'années, ont orné les parois des grottes de Lascaux et Altamira : les Basques formeraient donc la population la plus ancienne d'Europe de l'Ouest. Nos traditions (solidarité ethnique, permanence de cellules familiales, transmission de biens à un seul héritier) nous auraient permis de conserver une grande partie du capital génétique ancestral et auraient ralenti la pénétration de gènes provenant de l'extérieur. Vers 8500 av JC, différents groupes humains quittèrent la Mésopotamie à la recherche de nouvelles terres agricoles. Lorsqu'ils arrivèrent sur les rivages de l'Atlantique vers 4000 av JC, les premiers Basques étaient déjà installés au pied des Pyrénées, dans une région boisée au climat doux et humide.
Les études génétiques ont montré que les Européens
de l'Ouest sont génétiquement proches les uns des autres, à
deux exceptions près : les Lapons, mélange de peuples européens
et mongoloïdes, et les Basques. Une enquête d'anthropologie moléculaire
récente portant sur plusieurs centaines d'hommes a ainsi mis en évidence
que les Basques :
![]() |
ont des groupes sanguins et des marqueurs de protéines très particuliers, qui se distinguent de ceux des populations avoisinantes. |
![]() |
possèdent dans leurs chromosomes une séquence génétique qui ne se retrouve que dans une minorité de populations voisines de l'Europe Occidentale. |
Ces singularités laissent supposer que les Basques sont
les plus anciens occupants de l'Europe Occidentale. Nous aurions ainsi résisté
mieux que tout autre peuple aux brassages génétiques qui ont transformé
le continent depuis la "révolution néolithique".
La langue basque, l'Euskara, non indo-européenne,
est unique au milieu des langues parlées dans les environs. Déjà,
Stabon et Jules César la décrivaient comme très différente
de celle des Gaulois. Sa syntaxe et sa structure sont très particulières,
si bien qu'aucun des efforts entrepris pour la relier à d'autres groupes
linguistiques n'a abouti de façon convaincante. Sergeï Stratostin a rattaché
l'Euskara au groupe linguistique du Caucase du Nord, qui englobe aussi le Sumérien.
On a également supposé que le basque était apparenté
à la langue des anciens Ibères. Mais, en dépit de quelques
ressemblances, la maîtrise du basque ne permet pas de comprendre l'Ibère.
L'Euskara a des liens aussi bien avec les langues caucasiennes qu'avec les langues
ouralo-altaïques ainsi qu'avec un vieux substrat péri-méditerranéen
qui s'étend jusqu'aux langues dravidiennes de l'Inde pré-indoeuropéenne.
Les historiens de l'Antiquité répertorient différents peuples implantés dans le triangle Pyrénées-Garonne-Atlantique
: les Vascons en Navarre, les Varduli en Guipuzcoa et les Caristii en Biscaye.
Dans le dernier millénaire avant JC, la zone d'influence des premiers basques s'étendait de la Garonne à l'Aragon et à l'actuelle Biscaye :
elle correspondrait à la zone de transhumance des Pyrénéens occidentaux.
Les celtes, qui envahirent la Gaule vers 500 av JC, ne parvinrent jamais à conquérir cette zone d'influence.
Même si, au tournant de l'ère chrétienne, une certaine celtisation s'était manifestée par l'introduction
de l'agriculture et du travail du fer en Aquitaine, dans le sud de l'Alava et de la Navarre, ainsi que dans l'ouest de l'Aragon.
Les derniers siècles avant JC sont également marqués par la construction d'oppidum sur de hautes collines.
En 72 av JC, Sertorius, le chef romain en Ibérie, se soulève,
avec le soutien des Vascons et des Cantabres, contre Rome et Pompée.
Ce dernier vient assiéger sa capitale. Après sa victoire, il occupe
la Navarre et l'Alava puis fonde la ville de Pampelune. Les Romains occupaient
alors toute la péninsule ibérique. L'une de leurs plus importante
voies, de Bordeaux à Astorga, traversait le Pays Basque. Ils exploitèrent
des gisements de minerais de fer des Encartaciones (zone la plus occidentale
de la Biscaye), ce qui favorisa le développement des forges dans la zone.
Mais les Romains n'ont jamais pu ou jamais voulu s'installer dans les vallées
atlantiques et du Nord de la Navarre, sans doute intimidés par les montagnes
et les défilés bien défendus par les natifs qui y habitaient.
C'est dans les zones romanisées du pays que commença la christianisation
et la latinisation du Pays Basque.
Dans sa "Guerre des Gaules", Jules
César distingue en Gaule trois zones selon leur langue, leurs coutumes
et leurs lois : les Belges, les Celtes et les Aquitains. Lors des premières
expéditions de César contre les Belges et les Celtes, en 58 av
JC, les Aquitains demeurent simples spectateurs. Mais, en 56 av JC, craignant
que César ne vienne les envahir, ils se préparent à envoyer
des renforts aux Armoricains. César envoya alors un de ses lieutenants,
Publius Crassus, soumettre l'Aquitaine : les Basques sont battus sur les bords
de la Garonne, puis de l'Adour. Finalement, en 39-38 av JC, Agrippa, lieutenant
d'Octave (le futur empereur Auguste), guerroya et vainquit les Aquitains. C'est
à ce moment là que l'influence basque dans les plaines d'Aquitaine
disparût, les populations se latinisant progressivement à la faveur de
l'urbanisation : le Gascon serait ainsi une version très fortement latinisée
de l'Euskara. Les Romains fondèrent les villes de Lapurdum (Bayonne),
Iluro (Oloron), Aquae Tarbellicae (Dax).
L'un des rares vestiges de l'époque romaine en Euskadi, la "pierre romaine" d'Hasparren indique que les Basques obtinrent leur autonomie de Rome, grâce aux services rendus à l'Empire par le gouverneur du pays :
la Novempopulanie est créée.
La liste de Vérone, un document daté de 297 et énumérant les provinces de l'Empire, atteste d'une certaine autonomie de la Novempopulanie.
En 406, les tribus germaniques envahissent la Gaule. Elles ravagent la Novempopulanie
en 407. L'empereur Honorius concède aux Wisigoths
la Novempopulanie et les régions voisines, avec Toulouse pour capitale.
De religion
arienne (hérésie du christiannisme), ils persécutent
les premiers chrétiens qui commencent à s'implanter au Pays Basque,
à la faveur de l'action de San Fermin, le premier évêque de Pampelune.
En 472, ils quittent la Novempopulanie et installent leur capitale à
Tolède en 554. Après la conversion du roi Reccarède, le
concile de Tolède de 589 consacre l'hégémonie des Wisigoths
et l'unification religieuse de la péninsule ibérique. Les Vascons,
restés à l'écart de la romanisation, refluèrent
vers le Nord-Ouest et la Gascogne française sous la pression des Wisigoths.
Wisigoths au sud et Francs au nord tenteront alors, à tour de rôle et
sans y parvenir, de soumettre les peuples de la Novempopulanie. D'après
la chronique de Fégédaire, la tactique des basques consistait
à "former de petits groupes, à harceler l'ennemi par des
escarmouches répétées, à simuler une fuite au moment
opportun et à se retrancher sur des points inaccessibles". Ainsi,
en 635, les Basques repoussent les armées du roi
Dagobert, dirigées par le duc Arimbert, dans la vallée de
la Soule.
En 670, les Basques élisent Otsoa pour duc, qui fonde le duché
d'Aquitaine. Celui-ci s'étendait alors jusqu'à la Loire et intégrait
le duché de Vasconie. En 720, Charles
Martel reconnaît la souveraineté d'Odon (Eudes), le fils d'Otsoa,
sur son duché. Et c'est avec son aide qu'il bat les Sarrazins à
Poitiers en 732. Mais, en 760, Charles Martel attaque l'Aquitaine. En 768, Pépin
le Bref, fils de Charles Martel et père de Charlemagne, fait asssassiner
le roi d'Aquitaine. Mais, la Vasconie reste indépendante.
Les Musulmans débarquent sur la péninsule ibérique en 711.
Déchirés par les luttes seigneuriales, les Wisigoths ne pourront
s'opposer aux Musulmans : la même année, le roi Rodrigue est battu
à Guadalete. Les Musulmans prennent alors Tolède et envahissent
rapidement la péninsule. C'est le début du royaume d'Al-Andalus.
En 722, à Covadonga, la petite troupe de soldats, envoyés de Cordoue
par l'émir Alçama afin de réduire la résistance
chrétienne qui s'est repliée dans les contreforts des Pics d'Europe,
est battue. Cette victoire redonne confiance aux Chrétiens et permet
de reconstituer une monarchie chrétienne aux Asturies.
En 777, après sa victoire contre les Saxons, Charlemagne
reçoit une délégation musulmane d'Espagne conduite par le gouverneur
de Barcelone et de Gérone, en rébellion contre son roi Abd al
Rahman I. Il propose de lui livrer certaines villes du Nord de l'Espagne, dont
Saragosse. Au printemps 778, Charlemagne se dirige vers les Pyrénées
et arrive au pied de Saragosse. Mais le maître des lieux a changé et
refuse de livrer la ville. Charlemagne lève alors le siège et
reprend le chemin de Pampelune avec des otages musulmans, qui seront libérés
par un coup de main à l'entrée de la Navarre. Par représailles,
l'armée de Charlemagne rase les remparts de Pampelune. Mais, le 15 août
778, au passage des Pyrénées, dans la région de Ronceveaux,
les Basques tendent une embuscade à l'armée de Charlemagne pour
se venger de cette destruction. Ils tuent la plupart des chevaliers de Charlemagne,
parmi lesquels Roland, ce qui démoralisa les troupes qui battirent en
retraite. Cette bataille restera dans les mémoires grâce à la
Chanson de
Roland, écrite dans le courant du XIème siècle. En
824, les Basques, alliés aux musulmans, tendent une seconde embuscade
au même endroit contre Louis II le Pieux, qui revient d'une expédition
à Pampelune.
Les deux victoires de Ronceveaux assurent l'indépendance des
Basques. Mais, au nord, la Vasconie est épuisée par 3 siècles
de lutte contre les Francs et le centre de gravité basque se déplace
vers le sud, où naîtra le Royaume de Navarre en 824.
Dans les décennies précédant la constitution du Royaume
de Pampelune, la Navarre était menacée d'un côté par l'émirat
de Cordoue (en 781, Abd el Rahman I s'était emparé de Pampelune)
et de l'autre par l'empire caroligien. À la fin du VIIIème siècle,
une alliance politico-familliale s'inaugure entre Inigo Jimenez, le père
du premier roi de Pampelune, et les Banu Qasi, Wisigoths convertis à
l'Islam qui disposaient d'un protectorat dans la région de l'Ebre. En
801, Louis le Pieux,
fils de Charlemagne, prend Barcelone à l'émir de Cordoue. En 806,
les Navarrais se mettent sous la protection des Carolingiens afin d'échapper
aux forces de l'émirat de Cordoue, venues réduire les Banu Qasi
et leurs alliés Vascons. Il se crée ainsi, pour un temps, une
marche franque en Espagne. Mais, en 812, les Vascons se révoltent contre
les Francs et Louis le Pieux vient à Pampelune rétablir l'ordre.
En 824, les Basques écrasent une seconde fois l'armée franque
à Ronceveaux, alors qu'elle retournait en France après avoir "pacifié"
Pampelune.
Après cette victoire, Eneko Arista est couronné roi de Pampelune.
Dans le Royaume de Pampelune, comme dans les autres royaumes de la péninsule
à cette époque, les souverains n'avaient pas une autorité
absolue sur leur sujets. La noblesse disposait de privilèges importants,
défendus avec âpreté : ce sont eux qui dans la pratique
dominaient les vallées, recouvraient des impôts, exploitaient les terres...
Les représentants du peuple se réunissaient en assemblées
provinciales (les Cortes), dans lesquelles le souverain venait prêter
serment de respecter les Fors (statuts, franchises et libertés
de chaque village).
En 842, l'émir de Cordoue, Abd el Rahman II, bat les Banu Qasi et Eneko
Arista. Le royaume de Pampelune mènera alors, dans le courant du IXème
siècle, une politique mêlant résistance et entente avec les Arabes
afin de préserver sa souveraineté.
Au cours du Xème siècle, les rois successifs organisent et renforcent
le Royaume, tout en repoussant les musulmans au Sud et les Vikings
au Nord. En 925, le roi de Navarre Garcia Sanchez I épouse la princesse
aragone Andregoto Galindez. Leur fils, Sancho Abarca, réunira en 970
l'Aragon au royaume de Pampelune. En 998 et 999, l'émir de Cordoue Almanzor,
au zénith de sa puissance, ravage Pampelune. Mais, il meurt à
la bataille de Calatañazor en 1002, vaincu par l'alliance entre la Navarre et
la Castille.
C'est sous le règne de Sanche le Grand que la Navarre connaît son apogée.
Né en 992, il épouse Munia, la fille du comte de Castille en 1016.
Il établit une alliance objective avec le comte de Barcelone, et prend
ainsi contact avec les cultures religieuses françaises. Il étend également
son influence sur la Gascogne et le comté de Toulouse, grâce à
ses relations familliales avec le Roi de Gascogne (la fille du roi de Navarre
Garcia Sanchez I, avait épousé le Roi de Gascogne), qui lui
prêtera serment en 1012, après l'avoir refusé à Hugues
Capet. Le 13 mai 1029, le jeune comte de Castille, venu en Léon épouser
la fille du comte, est assassiné. La Castille revient alors à
Munia, la femme de Sancho. Le règne de Sanche le Grand est, pour le royaume
de Pampelune, une époque d'expansion politique, économique et
sociale. C'est pendant son règne que le danger arabe quitte définitivement
la Navarre, en partie à cause de la grande guerre civile arabe (1008-1028)
qui met fin califat des Omeyyades.
Lorsque Sancho le Grand meurt en 1035, ses possessions se
partagent entre ses fils : l'aîné Garcia, le seul roi au départ,
aura autorité sur les provinces basques, Ferdinand sera comte de
Castille, et par mariage, de Léon, tandis que Ramiro héritera
de l'Aragon. Progressivement au cours du XIème siècle, la
Castille lorgne sur la Navarre. C'est ainsi que le 1er septembre
1054, les troupes de Ferdinand de Castille tuent Garcia à la
bataille d'Atapuerca. En 1067, avec l'aide du roi d'Aragon, la
Navarre repoussent les Castillans à Viana. Mais, le 4 juin 1076,
le roi de Navarre est assassiné et le roi de Castille en profite
pour envahir la Navarre.
Les navarrais choisissent alors le Roi d'Aragon comme souverain et ils chassent ensemble les castillans. À l'issue de la bataille, le royaume de Pampelune passe sous la protection du Roi d'Aragon, qui nomma un Comte de Navarre. La Rioja est absorbée par la Castille. Et pendant 58 ans, de 1076 à 1134, la Navarre jouira d'une souveraineté relative et partagée, sous l'administration de l'Aragon. Pendant cet intermède, les navarrais et les aragonais prendront successivement Huesca (1096), Tudela (1119) et Saragosse (1118) aux Arabes.
En 1134, le Roi d'Aragon et de Navarre
meurt sans descendance à la bataille de Fraga. Il lègue par
testament son royaume aux ordres du Temple, de l'Hôpital et du
Saint-Sépulcre. Refusant le testament, les Cortes de Navarre et d'Aragon choississent chacun leur propre Roi : l'Aragon
et la Navarre se séparent.
En 1200, alors que le roi de Navarre Sanche le Fort est en expédition
en Afrique, la Castille et l'Aragon envahissent la Navarre. À l'issue
du conflit, la Castille prend l'Alava, le Guipuzcoa et la Biscaye,
avec le soutien des seigneurs basques. Le roi de Castille devient
seigneur du Guipuzcoa. En échange de leur collaboration, Alava,
Guipuzcoa et Biscaye bénéficieront chacune de Fors très
libéraux qui feront d'elles des états associés par le lien
personnel au souverain de Castille, mais pas des provinces de
Castille. La Navarre est réduite à la portion congrue.
L'Alava et la Biscaye, passées sous la coupe de la Castille virent se
dynamiser leurs économies. Ainsi, Vitoria, fondée en 1181 par
Sanche le Sage, deviendra une place commerciale qui fut pendant des siècles
le principal marché basque et le siège d'une communauté
dynamique de commerçants et d'artisans, où la communauté juive
joua un rôle fondamental. Bilbao fut fondé au XIVème siècle
par les rois castillans. De part sa situation géographique privilégiée
pour la création d'un port maritime, la ville devint l'accès vers
l'Europe des produits de la Castille. L'essor commercial favorisa l'exportation
du fer des forges biscayennes et dynamisa l'activité maritime des villages
côtiers voisins. En revanche, du fait de leur conditions orographiques,
de vastes zones du Guipuzcoa vécurent isolées de leur milieu.
Leur rapports avec l'extérieur se limitant aux zones proches des principales
voies de communication, utilisées pour le commerce et par les pèlerins
qui parcouraient le
chemin de Saint Jacques de Compostelle.
Le 14 octobre 1201, à Chinon, la Navarre signe une paix pepétuelle
avec l'Angleterre, devenue maîtresse de la Gascogne après le mariage
d'Aliénor
d'Aquitaine avec Henri II d'Angleterre. Cela permit à la Navarre
de récupérer, à Bayonne, l'usage d'un port maritime. Sous
l'insistence du pape et malgré leurs différents, la Navarre s'allie
à la Castille pour battre les Arabes à las Navas de Tolosa en
1211. En 1234, à la mort du roi de Navarre, le royaume échoue
à son neveu Thibault IV de Champagne, qui sera un souverain pacifique
et favorisera le développement de l'agriculture en introduisant les techniques
de son pays.
Dans les années 1270, des luttes éclatent entre les divers bourgs
(navarrais, français, ...) de Pampelune. Ils atteindront leur paroxysme avec
la guerre civile de Pampelune (1274-1276). En 1284, la reine Jeanne épouse
Philippe
IV le Bel, roi de France : la Navarre passe alors, jusqu'en 1328, de la
maison de Champagne à celle de France. À la mort de Charles IV
en 1328, le parlement de Navarre choisit Jeanne, fille de Louis X le Hutin et
mariée au comte d'Evreux, pour reine. Son fils, Charles le Mauvais (1349-1387)
se mêlera beaucoup de politique française et s'attirera la haine de Jean
II le Bon, pour avoir fait assassiner le connétable de France (1354)
afin d'obtenir la dot de sa femme. Le roi de France le fera emprisonner de 1356
à 1357, mais il finira par s'évader. Il s'alliat alors avec les
Anglais qui combattaient la France depuis 1337, année où débuta
la Guerre de Cent Ans. De 1363 à
1367, les intrigues et les guerres entre Henri de Trastamare, qui voulait s'emparer
du trône de Castille, et les rois de France et d'Aragon d'une part, et les rois
de Castille, de Navarre, d'Angleterre d'autre part, se succèdent. Elles
se termineront par la déroute d'Henri de Trastamare à la bataille
de Najera. En 1372, par jugement, le pape attribue l'Alava, le Guipuzcoa et
la Rioja à la Castille et propose le mariage de l'infant de Navarre à
la princesse de Castille pour assurer la paix entre les deux royaumes. Le 31
mai 1379, le roi de Navarre devra accepter, après l'enlèvement
de son fils par Charles V, la paix de Briones où il renonce aux alliances
avec l'Angleterre. Son fils Charles III le Noble finira par rétablir
la paix interne et externe.
Lorsque Charles le Noble meurt, le trône revient à sa fille Jeanne et
à son mari Jean d'Aragon. À sa mort (1441), Jeanne lègue
son royaume à son fils le Prince de Viana. Mais Jean d'Aragon occupe
le trône. En 1447, il se remarie avec Juana Enriquez dont il aura un fils :
Ferdinand
d'Aragon. Lorsque le 7 septembre 1451, le Prince de Viana met fin, par le
traité de Puente la Reina, à la guerre initiée par son
père contre la Castille, celui-ci lui envoie Juana Enriquez comme régente.
La noblesse de Navarre se divise alors en deux : l'un suit Louis de Beaumont,
partisant du Prince de Viana et de l'amitié avec la Castille, l'autre
celui des Gramont, favorable à Jean et à l'Aragon. En 1452, c'est
la guerre ouverte. Le 3 décembre 1454, à Barcelone, en présence
de leur soeur Leonore et de son mari Gaston IV de Foix, Jean somme le Prince
de Viana et sa soeur Blanche de se soumettre, faute de quoi ils subiraient un
procès destiné à les priver de leurs droits héréditaires
au royaume. En avril 1456, ils se soumettent et la Navarre est transférée
à Léonore. Gaston de Foix vient, pendant l'été 1456,
en Navarre faire appliquer la décision.
En 1458, à la mort de son frère, Jean hérite de l'Aragon,
de Valence et de la Catalogne. Le Prince Viana et sa soeur Blanche meurent respectivement
en 1461 et 1464. Jean d'Aragon conserve toujours le pouvoir, et malgré
les promesses de 1456, Léonor et Gaston IV de Foix devront attendre leur
tour, en 1479. Ils continueront malgré tout à le servir fidèlement.
Et pendant ce temps, les deux factions, Beaumontais et Agramontais, s'entretuent
: seule la Basse Navarre échappe à la guerre civile. François
Phoebus, fils d'Eléonor de Navarre et de Gaston IV de Foix-Béarn
est reconnu roi par les deux parties en 1481, mais son pouvoir est affaibli.
La reine-mère et Ferdinand d'Aragon, devenu entre temps roi de Castille
et d'Aragon, finissent par imposer temporairement la paix aux deux parties en
partageant entre eux les charges du royaume. À la mort de François (1483),
sa soeur Catherine hérite du trône et épouse Jean d'Albret, seigneur
de Foix, de Comminges et de Béarn. La guerre civile reprend : elle ne
s'achèvera que par l'invasion de la Navarre par la Castille en 1512.
Les souverains de Navarre résideront désormais à Pau, en
Béarn.
Le 18 juillet 1512, une armée castillane dirigée par le duc d'Albe
franchit la frontière navarraise. Le 21, elle assiège Pampelune,
qui se rend le 25. Une autre armée, en provenance d'Aragon et commandée
par l'évêque de Saragosse, occupe le sud de la Navarre, qui résistera
jusqu'en septembre. Pendant l'été, l'armée du duc d'Albe
envahit la Basse Navarre. Louis
XII monte alors une expédition, confiée au dauphin François
et à laquelle participe Jean d'Albret, pour libérer la Navarre.
Elle met le siège devant Pampelune le 27 novembre, mais tourne court
avec l'arrivée de l'hiver.
En juillet 1515, le Roi Ferdinand annexe officiellement la
Navarre à ce qui est devenu le Royaume d'Espagne, tout en
promettant de lui conserver ses Fors et ses coutumes et
en lui assurant une relative autonomie : le roi serait représenté
en Navarre par un vice-roi et agirait par l'intermédiaire d'un
Conseil Royal. En 1521, profitant de la révolte des Communéros,
le roi Henri d'Albret, aidé par la France, attaque à nouveau
les espagnols. Le 15 mai 1521, ils s'emparent du château de St
Jean Pied de Pord et reprennent le contrôle de la Basse Navarre.
Ils arrivent à Pampelune où la population s'est révoltée
contre les espagnols : la ville tombe le 20 mai. Mais, après
avoir vaincu les Communeros, l'armée espagnole se
retourne contre les armées franco-navarraises, qu'elle bat le 30
juin à Noain, dans le bassin de Pampelune. Elle reprend le contrôle
de la Navarre, à l'exception de la Basse Navarre.
En 1531, la jugeant trop difficile à défendre, Charles
Quint renonce à ses droits politiques sur la Basse Navarre. Ce reliquat
du royaume de Navarre intègrera finalement celui de France en 1589 lorsque
son roi, Henri III de Navarre, sera couronné roi de France sous le nom
d'Henri IV. Mais, c'est
son fils, Louis XIII,
qui unira définitivement les deux royaumes en 1620.
Contrairement aux croyances, ces deux
provinces basques n'ont jamais formé d'entité unique avec les 5
autres : elles ont durant tout le Moyen-Âge fait partie intégrante
du duché d'Aquitaine.
En 843, par le traité de Verdun, l'Empire de Charlemagne
est divisé en 3 et l'Aquitaine est intégrée au royaume
franc occidental. Mais ce royaume se disloque avec l'invasion des Vikings,
qui occupent Bayonne en 892. Ils éxécutent Saint-Léon venu
évangéliser la région. Après leur départ,
un comté indépendant se forme englobant la Gascogne, dans laquelle
se retrouvent la Soule et le Labourd. En 987, la Gascogne refuse son hommage
à Hugues
Capet. Elle rendra hommage au Roi de Navarre, ce qui fera dire à
certains que le roi de Navarre régnait alors sur la Gascogne. Mais, ce
duché ne sera jamais intégré au royaume de Navarre.
En 1137, Aliénor,
duchesse d'Aquitaine, se marie avec le Roi de France Louis VII et lui apporte
en dot ses possessions. En 1152, elle divorce et se remarie avec Henri Plantagenet,
qui deviendra roi d'Angleterre en 1154 sous le nom d'Henri II : la Soule et
le Labourd, tout comme le Poitou, la Guyenne et le reste de la Gascogne, passent
de la couronne française à la couronne anglaise. C'est ainsi qu'en 1174,
Richard Coeur de Lion viendra réduire le vicomte du Labourd Arnaud Bertrand,
qui s'était soulevé avec ses barons basques. Les rois d'Angleterre
séparent alors Bayonne du Labourd et s'appuient sur la bourgeoisie gascone
afin d'administrer ce port si utile à leur commerce et à leur
flotte de guerre. En 1259, par le traité de Paris, le roi d'Angleterre
Henri III renonce à l'Anjou, au Maine et au Poitou et reconnaît la suzeraineté
du roi de France sur l'Aquitaine (Cf. carte ci-dessous).
En août 1343, le peuple du Labourd se soulève contre le maire de Bayonne,
qui avait fait massacrer 5 chefs labourdins, et assiège la ville. Il
s'ensuit une longue guerre civile entre Bayonne et le Labourd. Le Prince Edouard
de Galles, dit aussi Prince Noir, imposera finalement la paix en avril 1357
et condamnera les notables de Bayonne à dédommager les Labourdins.
En 1360, après sa défaite à Poitiers (1359), le Roi de
France Jean
II le Bon abandonne sa suzeraineté sur l'Aquitaine lors du traité
de Brétigny.
![]() |
Le Pays Basque Nord et ses environs au XIVème siècle |
Pendant la Guerre de Cent Ans, les basques de Labourd et de Soule, sujets britanniques se battront contre les Français. Ainsi, en 1449, ils résisteront à Gaston de Foix, vicomte de Béarn. Le Roi de Navarre, suzerain du château de Mauléon et gendre de Gaston de Foix, parlemente et fait basculer la Soule dans le giron du Béarn. En 1450, Gaston de Foix s'attaque au Labourd et remporte les combats de Guiche et Saint Pée sur Nivelle. Le Labourd finit par conclure la paix avec le Roi de France lors du traité d'Ayherre : il intègre le Royaume de France mais conserve ses Fors. En 1451, Dunois et Gaston de Foix assiègent Bayonne, qui finit par se rendre en échange de la conservation des franchises municipales. En 1510, la Soule est rattachée à la Couronne de France.
![]() |
![]() |
![]() |
||
Au début du 16ème siècle, les provinces basques n'ont plus aucun lien politique entre elles. Mais elles gardent une relative autonomie interne :
![]() |
elles lèvent leurs impôts et ne le versent pas au roi. |
![]() |
elles organisent leurs propres milices et ne sont pas soumis au devoir militaire au-delà des limites de leur territoire. |
![]() |
le servage y est inconnu. |
![]() |
les libertés sont garanties par des coutumes écrites (les Fors) et par les assemblées populaires locales. |
Mais si elles étaient théoriquement libres de
se séparer du Roi, le caractère absolu des monarchies limitait
dans la pratique cette liberté.
Lors du traité des Pyrénées (1659), l'Espagne et la France
mettent fin à de longues années de conflit et concluent le mariage
de l'infante Marie-Thérèse d'Espagne avec le Roi Louis
XIV, qui aura lieu à Saint Jean de Luz en 1660. Le Roi de France
renonce définitivement à ses droits héréditaires
sur le royaume de Navarre et la France reçoit le Roussillon, la Cerdagne,
l'Artois, une partie du Luxembourg et quelques places fortes des Flandres. Ce
traité fige définitivement la frontière entre les deux
pays et, depuis lors, l'histoire du Pays Basque se confond avec celle des états
dans lesquels il est intégré.
En passant de la tutelle anglaise à la
tutelle française, Bayonne connaîtra une période de marasme et
de décadence économique dont elle ne sortira lentement qu'à
partir de 1580. Elle ne redeviendra florissante qu'à la fin du
XVIIIème siècle. Pendant le XVIIème et le début du XVIIIème
siècle, c'est Saint Jean de Luz qui tiendra le haut du pavé économique
: chaque année, 7000 labourdins s'embarquent pour la pêche à
la morue vers Terre-Neuve.
Parmi les évènements marquants du Pays Basque Nord sous l'Ancien
régime, on relèvera :
![]() |
le procès de sorcellerie de Saint Pée, ouvert en 1609 par un représentant du roi : plusieurs prêtres et 700 femmes sont envoyés au bûcher. Seule l'intervention de l'évêque de Baïgorri auprès d'Henri IV permit l'arrêt du massacre. |
![]() |
l'édit d'union qui rattache en 1620 le royaume de Navarre à la couronne de France, malgré l'opposion de l'assemblée navarraise. La monnaie navarraise sera supprimée en 1643. |
![]() |
les fréquentes révoltes, réprimées dans le sang, contre la centralisation monarchique : en 1641 contre l'installation des Fermiers Généraux, en 1661, en 1685 contre la gabelle à Saint Jean Pied de Port, puis en 1696, en 1724, en 1726 et en 1748. La dernière a lieu à Hasparren du 3 au 6 octobre 1784 : plusieurs centaines de femmes tiennent tête à 150 grenadiers et 5 brigades de la maraîchaussée et protestent contre l'extension de la gabelle. Seule l'intervention du curé évitera la bataille. |
![]() |
en 1707, le français devient la seule langue officielle dans les 3 provinces du Nord. |
La Révolution
française met fin à l'autonomie relative des provinces basques. En
1789, la Constituante, malgré les protestations des députés
basques, supprime l'autonomie de la Soule et du Labourd et annexe la Navarre
à la France. En 1790, le département des Basses Pyrénées
est créé, malgré l'opposition conjointe des représentants
basques et béarnais qui réclament deux département distincts.
En 1793, à la mort de Louis XVI, l'Espagne déclare la guerre à
la France révolutionnaire. En 1794, 4000 basques du Labourd sont déportés
dans le Gers et dans les Landes pour avoir refusé de combattre contre
les Basques du Sud. En 1795, le traité de Bâle met fin aux hostilités
entre les deux pays : l'Espagne cède à la France la partie espagnole
de l'île de Saint Domingue. La création, en 1800, de l'institution
préfectorale par Bonaparte
accélère la centralisation.
Au cours du XIXème siècle, le Pays Basque Nord restera en marge
de l'industrialisation, du fait de son manque de matières premières
et de sa situation périphérique. Son économie demeurera
essentiellement agricole et artisanale. La société traditionnelle,
aux connaissances transmises par la tradition orale, fortement structurée
sur la maison et la paroisse, hiérarchisée autour des prêtres
et des notables, demeurera longtemps le modèle de société
des basques du Nord. Le transfert, en 1841, de la douane espagnole de l'Ebre
aux Pyrénées détruit la structure économique du
Pays Basque Nord. Ses habitants vont alors, à partir de 1845, massivement
émigrer vers les Amériques : 90 000 personnes quitteront le Pays
Basque au cours du XIXème siècle. Cette émigration sera
en grande partie compensée par une forte natalité.
Sous la IIIème République, les Instituteurs chercheront à
franciser la société, générant une impression d'insécurité
face à l'intrusion d'une culture véhiculant des modes de pensée
différents de ceux de la société basque traditionnelle.
Celle-ci s'isolera et constituera des barrières autour des instituteurs
et des ouvriers venus de l'extérieur, les excluant de la vie locale.
Le Pays Basque Nord participera à toutes les guerres franco-allemandes
en envoyant des combattants au front. Pendant la Deuxième Guerre mondiale,
les Basques joueront même un rôle prépondérant dans le passage
de la frontière pour les juifs en fuite et les aviateurs alliés
abbatus.
Les provinces du Sud, et en particulier
les zones côtières de Biscaye et de Guipuzcoa, profitent de la
colonisation des Amériques, qui favorise le développement de la
navigation, du commerce et de l'industrie artisanale (en
particulier les forges). Les régions basques du sud ont donc bénéficié
de circonstances économiques plus favorables que celles du Nord,
coupées du Canada et de Terre Neuve par les guerres contre les
Anglais. Cet essor économique s'accompagne également d'un essor
démographique : les 4 provinces du Sud voient leur population
passer de 350 750 en 1560 à 515 400 en 1800. Ce développement a
également été permis par un centralisme plus tardif de l'état
espagnol. Mais, en dépit des Fors qu'ils juraient de
respecter, les Rois d'Espagne ont également manifesté une
volonté centralisatrice. Au début du XVIIème siècle, ils décrètent
ainsi que les membres des assemblées de Guipuzcoa et de Biscaye
doivent maîtriser le castillan et que les notaires doivent
dresser leurs actes officiels en castillan. Le Pays Basque Sud
connaîtra aussi ses révoltes, durement et violemment réprimées
: révoltes du sel en 1631 et 1634, révoltes des paysans en 1718
et en 1804.
En 1700, le roi d'Espagne meurt sans descendance et choisit par testament Philippe
d'Anjou, le petit fils de Louis XIV et oncle du futur Louis XV. La
guerre de succession d'Espagne éclate alors entre la France d'une
part et la Grande alliance réunissant l'Angleterre, le Saint Empire,
la Prusse, le Danemark et les Provinces Unies d'autre part. Cette guerre s'achèvera
par le traité d'Utrecht (11 avril 1713) dans lequel Philippe d'Anjou
est reconnu souverain d'Espagne et de ses colonnies. Gibraltar et Minorque sont
cédées à l'Angleterre et le tracé de la frontière
franco-espagnole est confirmée. L'Espagne perd également le Luxembourg
et les Flandres, ses possessions en Italie, ainsi que la Sicile et la Sardaigne.
En 1807, Napoléon
obtient du roi d'Espagne l'autorisation de faire passer ses troupes sur le territoire
espagnol en direction du Portugal, favorable aux Anglais. Mais l'installation
des troupes françaises au Nord inquiète les habitants et le premier ministre
Godoy conseille aux souverains de se réfugier aux Amériques, comme
l'ont fait les souverains portugais. Dans la nuit du 17 mars 1808, le palais
de Godoy à Aranjuez est attaqué par les partisans du prince héritier
Fernando. Carlos IV destitue Godoy en abdiquant en faveur de son fils. En réponse,
Napoléon convoque à Bayonne Fernando et son père et les
oblige à renoncer au trône d'Espagne (5 mai). Il les interne et nomme
son frère Joseph roi d'Espagne.
Mais ces négociations et la présence des troupes françaises à
Madrid mécontentent le peuple. La révolte du 2 mai 1808 à
Madrid marque le début de la guerre d'indépendance espagnole.
L'armée française commet alors des exactions, qui poussent la
Diputacion Forale de Navarre à déclarer la guerre à Napoléon
le 29 août : elle mobilise les hommes de 17 à 40 ans. Cette
guerre sera une guerre de guérilla, qui finira par chasser Napoléon
avec la participation des Anglais de Wellington. En 1813, plusieurs colonies
américaines profitent de la guerre pour conquérir leur indépendance
: la Plata, Uruguay, Paraguay, Chili, Colombie. Cette guerre aura des conséquences
importantes sur le devenir des provinces basques : le centralisme français contamine
l'Espagne tandis que la dictature et l'irreligiosité de Napoléon
rendent odieuses à la majorité des Basques les idées de
la Révolution Française.
La constitution de Cadix, rédigée par les libéraux en 1812, sous le règne de
Joseph Bonaparte, apparaît aux Basques comme contraire à leur
lois (car ils considèrent leurs Fors comme un don de
Dieu) et ils se sentent menacés. En 1814, Fernando VII est libéré par Napoléon. Revenu au pouvoir, il abrogera cette
constitution et règnera en monarque absolu. Au XIXème siècle, la majorité des Basques
prendra partie pour les absolutistes espagnols, qui veulent
conserver la monarchie et les Fors et qui sauront
flatter le goût d'indépendance et le catholicisme des Basques,
contre les Libéraux. Mais, en 1820, les Libéraux l'emportent et
menacent les libertés basques, les considérant comme des privilèges
provinciaux octroyés par le souverain espagnol. Don Carlos, prétendant
à la succession de son frère Fernando VII, prend la défense
des Fors.
À la mort de Fernando VII, Don Carlos est évincé du trône
par sa nièce Isabelle, qui représente la tendance libérale.
Il lève alors l'étandard de la révolte : c'est le début
de la première guerre carliste. Les bataillons carlistes, essentiellement
basques, s'organisent au cri de "vive les Fors", sous la direction
du général en chef Tomas Zumalakarregui. Avec ses 27000 hommes,
par une tactique de guérilla et d'embuscades, il tient en échec
105 000 hommes de l'armée espagnole et parvient à prendre plusieurs
places fortes du Pays Basque. Mais, il meurt en 1835 après avoir été
blessé par balle en voulant prendre Bilbao. Après la mort de Zumalakarregui,
l'armée carliste subit défaites sur défaites. Elle sera
reprise en main par le général Maroto, qui finira par se rendre
au général libéral Espartero lors de "l'abrazo"
de Vergara le 31 août 1839. La guerre fit 270 000 morts. Don Carlos est
interné à Bourges par Louis
Philippe. À sa mort en 1860, il transmettra ses droits à son
fils, qui les retransmettra à son propre fils Don Carlos VIII en 1868.
La Navarre est transformée en province et perd son statut de
royaume. Les trois autres provinces basques perdent la plupart de
leurs privilèges foraux. En 1841, la douane espagnole est
transferée de l'Ebre aux Pyrénnées et à la Bidassoa. Les 4
provinces s'espagnolisent progressivement. L'industrialisation de
la Biscaye puis du Guipuzcoa transforme leurs infrastructures. Grâce
à la machine à vapeur et aux minerais voisins des Encartaciones,
la métallurgie lourde se développe.
En 1872, les provinces basques se soulèvent en faveur de Don
Carlos VIII. La deuxième guerre carliste se solde par la défaite
de Don Carlos VIII en février 1876. Les provinces basques
perdent alors définitivement leurs Fors.
À la fin du XIXème siècle, le nationalisme basque prend
une forme nouvelle. Sabino
Arana Goiri dessine l'Ikuriña en 1893, fonde le Parti National Basque (PNB)
en 1895 et crée un hymne national basque. Il est aussi l'auteur d'une
abondante littérature politique qui inspirera les nationalistes basques
du XXème siècle. Dans les premières décennies du
siècle, le PNB devient la principale force politique des 4 provinces
du sud.
De 1923 à 1931, l'Espagne d'Alphonse XIII vivra sous la dictature des généraux Miguel Primo de Riveira et Berenguer.
En 1931, les élections municipales espagnoles donnent, dans les villes,
une forte majorité aux républicains. Alphonse XIII s'exile après
avoir abdiqué : en juin, la république est proclamée et
une assemblée constituante est élue. Les provinces basques envoient
aux Cortes une majorité de députés issus du PNB, parmi
lesquels Aguirre. La consitution adoptée en décembre autorise
l'autonomie des régions à condition que l'autonomie soit adoptée
par 2/3 des maires, approuvée par référendum par au moins
70% des électeurs et approuvée par les Cortes. La Catalogne et
le Pays Basque finiront par réunir ces 3 conditions. Ainsi, dans les
3 provinces d'Alava, de Guipuzcoa et de Biscaye, 80% des participants au référendum
adoptent l'autonomie. En revanche, la Navarre la refusera. La constitution prononce
également des mesures violemment anti-cléricales. En 1933, José
Antonio Primo de Riveira, fils du dictateur, fonde la Phalange : ce mouvement
est hostile à tout séparatisme local.
En février 1936, le Frente Popular est vainqueur aux élections.
Le 13 juillet 1936, le leader monarchiste Calvo Sotelo est assassiné
par les républicains. Pour rétablir l'ordre dans le pays, les
militaires forment alors le "soulèvement national" (18 juillet) mais
le gouvernement proclame la résistance : c'est le début de la
Guerre d'Espagne. Les garnisons se révoltent : celles de Bilbao et
de San Sebastian sont maîtrisées par les nationalistes basques. Le Movimiento,
qui s'appuie alors sur l'Église prend bientôt les allures d'une
croisade.
Parti du Maroc sur des bateaux allemands et italiens, le
général Franco dirige les opérations dans le Sud alors
que le général Mola, en accord avec Franco, s'est révolté
en Navarre. Ainsi, en octobre, 10% de la population navarraise se retrouvera
dans les rangs de l'armée franquiste. Franco fait sa jonction au mois
d'août avec l'armée du Nord près de Madrid. Les basques
sont alors coupés du gouvernement républicain. Après la
prise d'Irun par le général Mola, le 15 septembre, à la
suite de combats qui dureront 3 semaines, ils seront coupés du Pays Basque
Nord et les républicains sont empêchés de communiquer par
le Nord via la France. San Sébastien tombe le 13 septembre, puis vient
le tour du reste du Guipuzcoa. Le 27 septembre, Bilbao repousse les armées
franquistes. Le 1er octobre 1936, à Burgos, Franco est nommé généralissime
et chef de l'état.
C'est alors que le gouvernement républicain espagnol reconnaît l'autonomie
des 3 provinces basques. Le 7 octobre 1936, Aguirre forme à Guernica
le premier gouvernement d'Euskadi et prête serment sous le chêne millénaire.
Mais ce gouvernement n'a aucune juridiction sur la Navarre et les franquistes
occupent la majeure partie de l'Alava et du Guipuzcoa. Malgré tout, il
tiendra tête aux armées franquistes pendant près d'un an. Il exerera
un pouvoir démocratique et réorientera l'économie dans
l'industrie de guerre. Le 31 mars 1937, les franquistes attaquent avec l'appui
aérien de la légion Condor. Le 26 avril, l'aviation allemande
détruit la ville et la population de Guernica. Bilbao finira par tomber
le 19 juin, après 10 semaines de résistance acharnée.
Après la chute du Pays Basque, les hommes de l'armée d'Euskadi
participeront à la défense de Santander, mais finiront par se
rendre aux Italiens. Seuls une petite partie d'entre eux parviendra à
fuir, parmi lesquels Aguirre. Barcelone tombe le 26 janvier 1939, Madrid et
Valence tomberont les 28 et 30 mars, mettant fin à la guerre d'Espagne
par la victoire de Franco.
Pendant la deuxième guerre mondiale, le gouvernement basque se réfugie
à New York. La paix revenue, il s'installe à Paris, dans l'actuelle
Maison des Basques de Paris, où Aguirre meurt en 1960. Pendant la dictature
franquiste, les grèves de 1947 et 1951 sont sévèrement
réprimées. Certains nationalistes basques décident alors
d'utiliser l'action terrorriste pour lutter contre Franco et créent l'ETA
(Euskadi Ta Askatasuna : Pays Basque et liberté) en 1959. Progressivement,
l'ETA s'implante au coeur de la société basque des provinces du
Sud en organisant diverses manifestations politiques hostiles au franquisme.
Il assassine un certain nombre de personnalités ou de membres des forces
de police et de l'armée, parmi lesquelles le général Carrero
Blanco, chef du gouvernement de Franco (20 décembre 1973). L'ETA fera
également parler de lui lors du procès de certains de ses membres
à Burgos en décembre 1970, en enlevant le consul allemand de San
Sebastien.
Franco meurt en 1975.
En 1978, une nouvelle constitution entérine le passage de l'Espagne
à la démocratie, sous la forme d'une monarchie parlementaire.
Les trois provinces de l'Alava, de Biscaye et de Guipuzcoa obtiennent en 1979
un statut d'autonomie
particulier. Elle dispose d'un parlement
et d'un gouvernement
autonomes, ainsi que de ses propres compétences en matière de
Santé, d'Éducation, de Sécurité, de Culture, de
Gestion économique, de Justice, ... Chaque province a également
son propre organe de gouvernement, les Diputaciones Forales, qui gèrent
au niveau de chaque territoire, quelques unes des compétences transférées
par le gouvernement central de Madrid au gouvernement basque d'Euskadi. Cette
autonomie est garantie par une indépendance financière puisque
l'administration basque est chargée de la perception des impôts
sur son territoire et verse, en contrepartie, une contribution à l'administration
centrale espagnole au titre de participation à l'ensemble des dépenses
générales.
Lors des élections législatives de la communauté autonome
de 2001, 80% des électeurs inscrits ont voté. Les nationalistes
modérés (le PNV et Eusko Alkartasuna, qui gouvernent depuis 20
ans) sous la houlette du Lehendakari Ibarretxe, président de la communauté
autonome basque, ont obtenus 33 sièges sur 75. De son côté,
Euskal Herritarrok, parti représentant la fraction la plus déterminée
des indépendantiste, a obtenu 7 sièges. Les partis, dits "espagnolistes"
et représentants la tendance de l'ancrage à l'Espagne, se partagent
les sièges restants : 19 pour le parti populaire, 13 pour le PSOE et
3 pour la Gauche Unie.
Suite aux résultats de ces élections, le Lehendakari Ibarretxe,
président de la communauté autonome basque a proposé, lors
d'un discours de politique générale, un
nouveau pacte pour l'avenir du Pays Basque, reposant sur une cohabitation
axée sur un nouveau statut de libre association avec l'état espagnol.
Son projet repose sur 3 pilliers :
![]() |
la reconnaissance de l'identité basque et du patrimoine historique, culturel et social unique du peuple basque. |
![]() |
la reconnaissance du droit du peuple basque à l'auto-détermination pour décider de son avenir. |
![]() |
le respect par le peuple basque des décisions des citoyens et des citoyennes vivant dans différentes réalités juridiques et politiques.. |
"Les Basques avant tout le monde".
Alexandre DOROZYNSKI.
Science et Vie. N°947. p 52 - 54.(8/1996).
"Histoire du peuple basque. Le
peuple basque dans l'Histoire".
Jean Louis DAVANT.
Elkar (1996).
"Nabarra ou quand les basques
avaient des rois".
Pierre NARBAITZ
Zabal (1978).
"Atlas historique. De l'apparition
de l'homme sur la Terre à l'ère atomique."
Werner HILGEMANN ; Hermann KINDER.
Perrin (1995).